Mesures liées à la COVID-19 adoptées par les gouvernement de l’Ontario et de la Colombie-Britannique pour protéger les personnes âgées résidant dans des établissements de soins de longue durée

AUTHEUR(S) ET TITRES: Tessa Weinberg, B.M., B.Ch, B.Obs. (M.D.), candidate à la M.Sc., médecin résidente en médecine familiale postdoctorale, première année

ÉTABLISSEMENT(S) AFFILIÉ(S): Centre national d’innovation POPRAVIT Inc. AGE-WELL,  Université McMaster (M.Sc.), le Royal College of Surgeons d’Irlande (M.D.), Université du Manitoba (médecin résidente)


Qu’est-ce qui vous a incitée à amorcer des recherches dans ce domaine? Veuillez décrire les principaux problèmes ou obstacles auxquels vous entendez remédier à l’aide de ce projet.

J’ai pensé à faire des recherches à ce sujet après avoir vu la couverture médiatique de la proportion des cas de COVID-19 et des décès liés à la COVID-19 recensés dans les établissements de soins de longue durée du Canada. Lorsque j’ai commencé mes recherches, en avril, j’avais lu dans les journaux que la Colombie-Britannique avait interdit au personnel de travailler dans plus d’un établissement à la fois, alors que l’Ontario n’avait pas pris cette mesure. Je savais que ces deux provinces faisaient partie des provinces les plus touchées tant par la COVID-19 que par des éclosions de cas dans les établissements de soins de longue durée, et qu’il serait intéressant de comparer leurs mesures politiques. Je voulais comprendre ce qui avait été fait pour prévenir les éclosions dans ces établissements afin d’en tirer des leçons et susciter des changements dans la prestation des soins de longue durée et de prévoir des mesures en vue d’autres pandémies ou urgences sanitaires.


Veuillez résumer brièvement votre projet de recherche.

J’ai, entre autres, résumé et analysé, les mesures politiques prises par les gouvernements de l’Ontario et de la Colombie-Britannique pour protéger les personnes âgées vivant dans des établissements de soins de longue durée de la propagation de la COVID-19. J’ai également dressé le calendrier des dates d’entrée en vigueur de ces mesures par rapport aux principaux événements de la pandémie, y compris le nombre global de cas ainsi que les flambées dans les établissements de soins de longue durée. Voici certaines des mesures clés prises dans les deux provinces : des ordonnances restreignant le personnel à un seul site de travail, des recommandations concernant l’utilisation d’équipements de protection, la limitation des visites, la vérification des visiteurs, l’établissement de cohortes et des isolations suite à une éclosion ainsi que la mise en place de mesures de test. La Colombie-Britannique a, sans contredit, pris une longueur d’avance concernant les établissements de soins de longue durée, car le premier cas déclaré dans l’un de ces établissements a été recensé le 5 mars, ce qui a entraîné l’émission plus précoce d’une ordonnance de site de travail unique le 27 mars. Il est intéressant de relever que l’Ontario a adopté une approche plus agressive que la Colombie‑Britannique concernant le port généralisé du masque et l’utilisation d’équipements de protection et a, de plus, décidé plus récemment de tester l’ensemble des résidents et du personnel des établissements de soins de la province. J’ai également exploré quelque peu les antécédents de ce que l’on sait en général sur la prestation des soins de longue durée dans ces deux provinces et établi des parallèles avec le SRAS (maintenant connue sous le nom de SRAS-Cov-1). Bien que la pandémie se poursuive actuellement et que d’autres analyses devront être faites lorsqu’elle sera terminée, mon projet de recherche a pour objectif de tirer des leçons préliminaires des mesures politiques adoptées à ce jour.


Veuillez nous parler de certaines des applications concrètes passées, présentes et/ou prévues de ce travail de recherche.

Ce travail de recherches sera très utile pour modifier et améliorer les soins de longue durée, car les causes probables de la forte propagation de la COVID-19 dans les établissements de soins de longue durée reflètent les problèmes systémiques fondamentaux de ces établissements. On peut faire valoir que le fait que des employés travaillaient à temps partiel dans plusieurs établissements à la fois a peut-être accéléré la propagation dans et entre les établissements, vu que les deux provinces examinées ont émis des ordonnances de travail sur site unique. De plus, la majorité des mesures sont devenues plus agressives au cours de la pandémie. En Ontario, on a, par exemple, recommandé le port généralisé du masque pour tous les employés durant les quarts de travail et élaboré des stratégies de test plus globales (la plus vaste étant le test de l’ensemble des résidents et des membres du personnel de ces établissements). À la lecture du rapport de 2003 du Comité consultatif national sur le SRAS et la santé publique, j’ai été frappée par la similarité entre les défis d’alors et la situation actuelle. Au chapitre des principaux problèmes, les auteurs de ce rapport mentionnaient une capacité d’appoint insuffisante dans les systèmes de santé publique et clinique, des obstacles à l’accès opportun aux tests et aux résultats, l’absence de protocoles de partage des données entre les paliers de gouvernement et une capacité inadéquate d’enquête épidémiologique sur les éclosions. Ces mêmes défis se sont tous posés durant la pandémie de la COVID-19. De plus, des restrictions similaires interdisant aux infirmiers/infirmières de travailler dans plus d’un établissement de soins de santé à la fois ont été émises en 2003, ce qui a provoqué une immense pénurie de personnel dans les établissements de soins de longue durée et les services de soins à domicile, car les infirmiers/infirmières choisissaient alors de travailler dans des hôpitaux. Face à l’élargissement et à l’agressivité croissante des mesures ainsi qu’à la proportion élevée de décès dans les établissement de soins de longue durée, force est de se demander s’il ne faudrait pas élaborer des directives afin de mettre en place plus rapidement et plus efficacement des mesures de protection lors des futures pandémies. De plus, des craintes ont été émises en ce qui a trait, d’une part, à la formation du personnel concernant l’utilisation adéquate de l’équipement de protection et, d’autre part, au manque chronique de personnel qui compromet la qualité des soins. Ce sont des problèmes de longue date concernant la prestation des soins de longue durée, qui ont été mis en lumière par la pandémie, et dont les gouvernements provinciaux devront absolument tenir compte à l’avenir dans l’élaboration de leurs politiques.


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